Je partais inquiète en Angleterre. Ici, les feuilles sont déjà presque toutes tombées. Verrions-nous encore quelque chose ?
J'avais oublié l'incroyable privilège des Anglais: le Gulfstream! Grâce à lui, pas de gel encore. Pas même un léger friselis blanc sur le gazon de l'île aux jardins. La plupart des feuilles étaient encore bien accrochées aux branches. Puis nous avons eu de la chance. Les températures étaient douces et le soleil radieux.
Sheffield Park, dessiné par Capability Brown au 18ès.
Nous avons vu des scènes d'automne à couper le souffle. Les feuillages flamboyants des érables du Japon (Acer palmatum, A. japonicum), Tupélos (Nyssa sylvatica), Cyprès chauves (Taxodium distichum) et Métaséquoias (Metasequoia glyptostroboïdes), zébrés par les bouleaux scintillants, avivaient des scènes paysagères que d'habitude j'aurais jugées ternes. J'ai même failli trouver belles les herbes de la Pampa (Cortaderia selloana).
Les paysagistes du 18ès., Capability Brown et compagnie, étaient de sacrés maîtres dans l'art de mettre en valeur les arbres.
Il y avait aussi les baies, les tapis de cyclamens et tout ce qui échappe au regard lorsque la végétation est luxuriante, comme les persistants, les ramures et les écorces.
N'imaginez surtout pas que ces jardins soient des jardins-musées, de ces lieux vides et froids habités par quelques jardidingues comme moi! Pas du tout! Malgré le prix d'entrée aussi flamboyant que les feuillages, des familles entières y pique-niquent: 14°C, c'est amplement suffisant pour un Anglais. Les enfants grimpent aux arbres, font des culbutes, courent leur joie de vivre et pleurent leurs écorchures.
Dans un cadre pareil, comment voulez-vous qu'ils ne deviennent pas jardiniers ?
Plus que le Gulfstream, ne serait-ce pas là le vrai privilège des Anglais ?
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