Notre jardin est situé en périphérie d'une agglomération du Pays Noir. Coincé entre 4 terrils, le sol y est pauvre, barbouillé de remblais de mines et de charbon. Les hirondelles sont rares, les moineaux discrets et les hérissons inconnus. Je croyais donc le jardin oublié par la nature.
Il y a un mois environ, en désherbant un coin négligé, j'ai découvert une paire de feuilles étranges. Larges, ovales, creusées de nerures parallèles, elle appartenaient visiblement à une plante monocotylédone. Un verâtre peut- être ? Un achat sans étiquette ? Une plantation oubliée ?
Régulièrement, j'allais observer leur croissance. Assez vite, un embryon d'épi floral est apparu.
En nettoyant un autre coin du jardin, ombragé aussi, mais régulièrement entretenu, j'ai découvert, stupéfaite, les mêmes feuilles, avec le même bébé épi qui pointait au sommet. Puis d'autres encore, quelques mètres plus loin. Mince alors ! Ce n'était pas l'Alzheimer qui me jouait un coup fourré, mais la nature qui me rappelait sa présence.
Perplexe, j'ai plongé le nez dans mes bibles botaniques. Olivier, plus pragmatique et observateur, a dit : "Ca ressemble au machin qu'on a reçu samedi soir"! Le "machin" était un sabot de Vénus (Cypripedium calceolus). Replongée dans les bouquins! C'est qu'il a raison, lui qui n'ouvre jamais un livre de botanique! C'est bien une orchidacée, plus précisément une Epipactis helleborine.
Entretemps, les fleurs se sont ouvertes. Leur forme élaborée a confirmé le diagnostic. Le pollen est agglutiné dans des petits sacs ou pollinies. Juste en-dessous, se trouve une petite perle appelée rostellum, encore présente sur la photo à droite. Le premier insecte butineur la déchire en quittant la fleur. La substance viqueuse qu'elle contient, se répand sur la tête de l'animal pour y fixer plus sûrement le pollen. Elle apprécie les sols calcaires et la mi-ombre. Et les limaces ne l'épargnent pas !
Ce n'est pas une rareté, ne rêvons pas, mais nous en sommes très fiers !
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